« Parce que c’était lui, parce que c’était moi » (la relation d’accompagnement)

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27 mars 2014

C’est ce que La Boétie disait de son amitié pour Montaigne. Et si bien entendu, la relation coach/coaché ne relève pas de l’amitié, elle pourrait adopter ce propos du jeune prodige. Car il s’agit bien d’une rencontre. Et en ce qui me concerne, je la situe à deux niveaux : rencontre de deux êtres sociaux dans leurs rôles professionnels et rencontre de deux individus dans leurs personnalités respectives et leurs capacités relationnelles.

En effet, dans la mise en place d’un coaching, l’organisation se pose légitimement la question de la capacité du coach à analyser la question à traiter, de ses références dans un accompagnement résolutoire. Comme toute prestation de service, le coaching est une offre dématérialisée qui ne prendra corps que dans sa mise en œuvre et dont le résultat est en partie inhérent à l’implication du client.

Décider de travailler ensemble

Il y a donc une sorte d’acte de foi du client dans le choix d’un coach. Pour que cet acte ait lieu, il est parfois nécessaire d’aller rechercher dans la biographie du coach des éléments confortant sa réputation, son savoir faire, ses compétences. D’ailleurs lors de l’entretien préalable, il est question de montrer en quoi, par son expérience personnelle et d’accompagnement, le coach peut permettre de formuler et mettre en œuvre des réponses nouvelles et dispose des catégories pour se représenter la réalité de son client. Le client et le coach se choisissent donc au regard d’une problématique sur laquelle chacun se crédite de pouvoir porter un regard professionnel pertinent.

La nécessité de la rencontre

Cependant, le coaching en tant qu’offre a cela de troublant qu’il n’est pas qu’une offre de service intellectuelle. Il possède une dimension émotionnelle importante dans laquelle réside le deuxième niveau de rencontre, celui des individus. C’est grâce à cette deuxième dimension que peut s’effectuer parfois la libération nécessaire de l’énergie à investir dans le changement pour le coaché. Pour que cette dimension s’active, il faut concomitamment que le coach désire profondément accompagner la personne qu’il rencontre et que le coaché souhaite le changement. Dans les formations au coaching, la question est souvent abordée sous l’angle de l’accueil qui serait « la posture du coach ». Cette notion renvoie encore trop pour moi au niveau social. Pour s’ancrer plus profondément, il me semble qu’elle est de l’ordre de l’agapè, un des termes désignant un versant de l’amour en grec ancien.

La juste reconnaissance de l’humanité en l’autre

Agapè, c’est l’amour désintéressé et universel de ce qui est, cette reconnaissance et ce respect inconditionnel pour la vie. Dans cette ouverture à la vie ( et son mouvement ) peut se générer un accueil profond de l’individu pour ce qu’il est, avec ses forces, ses difficultés, sans jugement et sans intention sur lui.

En cela que le coaching s’éloigne de la relation d’amitié – la philia des grecs – qui recouvre l’amour bienveillant et le plaisir de la compagnie.

Par l’absence de jugement et d’intention sur la personne accompagnée, le coach développe sa puissance et garantit son professionnalisme. Et c’est peut être le pressentiment de cette puissance aimante et centrée sur l’objet du contrat qui permet au futur coaché de vous reconnaître comme vecteur potentiel de sa propre puissance.