31 mars 2020
Le grand décompte
Dans la leçon de grammaire des enfants (et des adultes) aujourd’hui : les adverbes interrogatifs.
Ceux qui, dans notre langue, nous servent à obtenir des informations.
En particulier, celui qui nous hante tous depuis presque trois semaines : COMBIEN ?
Les dirigeants se demandent, …
Combien de concitoyens contaminés, hospitalisés, morts aujourd’hui ?
Combien de masques, de respirateurs, de personnels manquants dans les hôpitaux ?
Combien de policiers pour faire respecter les consignes de confinement?
Combien de conférences, de commissions pour préserver l’unité ?
Combien de décisions prises en urgence et dans l’incertitude ?
Combien ?
Le monde économique s’interroge, …
Combien de collaborateurs protéger pour maintenir les services essentiels?
Combien de collaborateurs en chômage partiel ?
Combien de temps à régime réduit ?
Combien de TPE sur le carreau demain ?
Combien de dividendes aux actionnaires ?
Combien ?
Les soignants implorent, …
Combien de temps pour obtenir le matériel pour se protéger ?
Combien de morts encore à accompagner ?
Combien de vies à sauver ?
Combien de jours à tenir physiquement et psychologiquement ?
Combien de transports aériens et ferroviaires affréter ?
Combien ?
Les travailleurs sur le pont avertissent, …
Combien de temps pour sécuriser tous les commerces ?
Combien de fois venez-vous faire vos courses dans la journée ?
Combien de toilettes et de douches ouverts pour l’hygiène des routiers ?
Combien de kilos de fruits et légumes sauver de la récolte en cours ?
Combien de prisonniers libérés ? Combien de SDF à l’abri ?
Combien ?
Les familles confinées débattent, …
Combien de temps travailler dans la journée?
Combien de nourriture stocker?
Combien d’heures passées devant les écrans ?
Combien de proches en difficulté ?
Combien de temps cela va-t-il durer ?
Combien ?
Ce décompte effréné, effrayant, effroyable, nous obsède.
Tous ces combien(s) disent de quoi nous sommes préoccupés.
Tous ces combien(s) sont légitimes.
Ils ont leur place dans le grand désir de compte à rebours qui nous étreint au cœur de l’épidémie.
Alors, pour attendre l’inévitable moment où les courbes s’inversent, peut-être pouvons-nous aussi chaque jour nous demander, …
Combien de vies sauvées aujourd’hui ?
Combien de mercis adressés à nos proches et à ceux qui prennent soin de nous ?
Combien de services rendus à nos voisins inconnus ?
Combien d’attentions portées, malgré la promiscuité parfois pesante ?
Combien de « je t’aime » murmurés à l’oreille, quand la peur est trop forte ?