Leadership et Identité

25 janvier 2015

Matthieu, Benoît, Yvan … et les machines à rêve

Ils ont 74 ans à eux trois et viennent de créer leur entreprise : ExMachina. Un projet pré-incubé à l’INSA de Lyon qui devient réalité et réinvente un métier séculaire, celui de concepteur de décors, grâce aux nouvelles techniques et technologies.

ExMachina 300

Leur truc à eux c’est le rêve … faire bouger, voler des machines sur des scènes, en toute sécurité et en tenant compte de la réutilisation et la fin de vie de leurs décors. Leur entreprise est placée sous le double signe de la passion et de l’engagement. A l’origine deux amis d’enfance investis dans le théâtre comme régisseur ou comme acteur amateur, rejoint par un sportif de haut niveau qui a choisi de mettre son énergie et sa combattivité dans l’aventure.

L’idée vient à Matthieu lors d’un stage d’ingénieur d’études à l’Opéra de Lyon.

« Pour mettre des objets en mouvement sur la scène, je me trouvais confronté au savoir faire et aux habitudes des artisans, je réinventais la roue avec du matériel industriel inadapté. »

Avec Benoît, ils décident de développer une gamme de motorisation (avec une cinématique légère), modulaire, sécurisée, transparente et apte à s’adapter à la créativité des metteurs en scène (sur la base d’une brique mère) dans le respect du travail artisanal de plateau : la gamme EISLA.

Pour des raisons de coûts et l’arrivée de nouvelles techniques comme la vidéo, le décor est un métier en mutation, pratiqué essentiellement au service des grandes salles. C’est pourquoi ExMachina qui fait ses armes par passion à l’Opéra de Lyon souhaite se développer aussi vers l’évènementiel. Cela nécessite d’intégrer d’autres métiers comme le design, la scénographie, le son, l’audiovisuel. Autant de pistes à explorer pour ces jeunes créateurs qui souhaitent trouver de nouvelles formes de coopération « public/privé ».

ExMachina exprime donc sa valeur ajoutée sur le marché en « offrant des matériels innovants permettant de s’affranchir de la conception de prototypes – dans un environnement où le temps est compté – pour les cas de machinerie légère à haute valeur artistique (cinématique complexe, interaction multimédia). »

« Créer une boîte, c’est un travail collectif. A force de faire semblant autour du projet, on l’a fait », dit Matthieu. Ils n’étaient donc pas partis pour, mais la rencontre, l’action, « être le pilote dans l’avion », « ne rien avoir à perdre parce qu’on est jeune »… Ce sont les raisons que Matthieu invoque aujourd’hui. Et quand je lui demande de quoi il a besoin maintenant, sa réponse est simple : « De temps pour faire mon métier d’ingénieur scénique comme un artisan. Mais l’enjeu brut et immédiat est bien sûr la rentabilité de notre business model. »

Vous pourrez voir une création ExMachina sur la scène de l’Opéra de Lyon dans PELLÉAS ET MÉLISANDE, opéra de Claude Debussy, mis en scène par le cinéaste Christophe Honoré en Juin 2015 : une voiture des années 90 motorisée électriquement, pilotable avant / arrière sur scène. Et pour prévenir tout risque pour les acteurs et le public, le véhicule pourra être immobilisé à distance.

visuel

Vol en 3D et en temps réel d’un objet lumineux pour la compagnie Villeurbannaise Premier Acte. Création ExMachina

 

 

En vous parlant de ces trois mousquetaires d’un nouveau siècle, je veux partager avec vous ma conviction que le processus de création – d’une œuvre d’art, d’un spectacle, d’une entreprise – est un travail en soi.

 

Il conduit à l’élaboration de quelque chose de plus grand que soi. Une autre entité ayant sa propre existence en dehors de celui ou de ceux qui l’ont créée. Une personne morale dans le cas de l’entreprise, réel « deus ex machina » pour les créateurs et le marché. Ceci suppose qu’on s’en préoccupe autant que des individus qui mettent leur énergie au service de ce collectif.